vendredi 14 novembre 2014

Boire et déboires....

....mais non je n'ai pas trop picolé et maintenant je dois dessouler !!

Non, boire serait plutôt le symbole des quantités d'eau qu'Alizée a ingurgitées. J'avais tout d'abord découvert la présence d'eau de mer dans les cales lors d'une navigation entre Amorgos et Santorin. A l'escale suivante, sur l'île d'Ios, j'avais donc consacré toute une journée au nettoyage (afin d'éliminer le sel résiduel) des cales ainsi qu'à la recherche de l'entrée d'eau. Très vite, la partie immergée de la coque ainsi que les orifices qui y sont implantés s'étaient (ouf !) trouvés hors de cause. Mes soupçons s'étaient donc portés vers la partie haute du bateau (au-dessus de la ligne de flottaison), avec une première interrogation (on cherche toujours le pire) concernant l'étanchéité de la liaison coque-pont. Le bateau est en effet construit en deux parties : la coque et le pont, qui sont ensuite liées l'une à l'autre après que les emménagements intérieurs aient été réalisés. Cette partie n'est donc pas naturellement étanche, la liaison se fait par boulonnage-collage, et l'étanchéité est obtenue à la colle mastic fournie en abondance. Etant donné que cette liaison se retrouve régulièrement sous l'eau en navigation sous les effets conjugués des vagues et de la gîte, mon attention s'était portée vers cet endroit, lequel s'est finalement avéré parfaitement étanche (re-oufff !).

Mes investigations m'ont ensuite emmené à découvrir des traces d'eau sur la cloison séparant les deux cabines avant. Il a donc fallu démonter les faux plafonds pour voir de quoi il retournait et là j'ai fini par comprendre quelque chose qui m'avait interpellé depuis longtemps mais auquel je n'avais pas prêté une attention suffisante.
Il y a dans chacune des cabines avant, un aérateur, visible depuis l'extérieur,



 depuis la plage avant (ci-dessus), et depuis l'intérieur des cabines (ci-dessous),



sans que l'un communique avec l'autre de façon visuelle. Je m'étais (souvent serait beaucoup dire) demandé comment un tel système pouvait assurer une étanchéité absolue, vue sa présence sur la partie avant du bateau qui est régulièrement submergée par les vagues. Mais en définitive je n'avais jamais cherché plus loin, n'ayant jamais constaté d'entrée d'eau dans les cabines avant...en fait ça rentrait depuis longtemps, mais ensuite cela séchait et je ne m'apercevais de rien.

Grossière erreur !! Bien que la première soit à mon avis à mettre à l'actif du constructeur. Comment un bateau homologué en première catégorie, c'est à dire susceptible de pouvoir affronter des mers très dures peut-il être équiper d'un tel accessoire sur le pont ?? Cet aérateur ne propose en effet qu'une simple barrière de type siphon ouvert pour toute étanchéité et si il n'y avait pas de communication apparente entre l'intérieur et l'extérieur, c'est tout simplement parce que les orifices sont décalés ! Ainsi, dés que l'avant du bateau plonge dans les vagues,




il y a nécessairement de l'eau qui pénètre dans le bateau. Oh, certes, pas dans des quantités qui soient de nature à le faire couler. Cependant cette eau se promène allégrement dans les faux plafonds puis s'écoule par gravité dans tous les endroits possibles, laissant du sel sur son passage et imprégnant les faux-plafonds et les cloisons tout cela étant en bois, le top !! En conclusion, 2 aérateurs à remplacer par des modèles obturables.

Il reste qu'il m'est difficile de penser que toute l'eau que j'avais trouvé dans la cale, provenait de ces aérateurs. J'ai donc continué de chercher. Et quand on cherche....

On trouve ! J'avais trouvé de l'eau au pied de l'épontille mais n'y avait pas prêté beaucoup d'attention, parce que c'est une cale intermédiaire et je m'étais imaginé que l'eau ne faisait que transiter par là. Cependant j'avais démonté la baguette en bois derrière laquelle circule les fils électriques qui montent le long du mât



 et n'avais rien trouvé de flagrant. Certes, il y avait bien là quelques traces d'eau mais pas de quoi fouetter un chat. De toutes façons je n'en avais pas sous la main à ce moment-là. J'ai donc pensé résoudre ce problème qui m'apparaissait comme étant mineur en re-étanchéifiant les passe-fils sur le pont avec un peu de mastic. (De plus les chats préféraient cette solution)

Et j'en était resté là, jusqu'au jour où j'ai tourné la vidéo de Sikinos dans laquelle on voit Alizée naviguer dans une mer moyenne mais praticable sous un vent assez fort. Deux heures avant que de tourner les images de cette vidéo, les conditions de mer étaient bien plus dégradées et l'avant d'Alizée plongeait beaucoup plus fréquemment dans les vagues. A l'arrivée au port, j'avais ainsi pu constater à nouveau la présence d'eau dans les cales, bien qu'en quantité nettement inférieure à ce que j'avais découvert entre Amorgos et Santorin. Re-nettoyage !

La semaine dernière, ayant relâché à Kamarès sur l'île de Sifnos, j'ai dû en partir rapidement car l'abri n'y était absolument pas confortable. Déjà la présence de pneus le long des quais a laissé quelques traces noires sur la coque malgré mes précautions, ensuite les Coast Guards sont venus me demander de changer de quai car un navire d'une soixantaine de mêtres devait arriver. Sauf que le quai des pêcheurs qu'ils m'ont proposés s'est avéré ne pas m'être praticable par manque de fond à son aplomb. Ne restait plus que le bout de la jetée où j'ai passé une nuit agitée, Alizée faisant des sauts de cabri sous l'effet de la houle qui rentrait dans la baie, avec des creux d'environ 1m !

Avec ça, inutile de rester un jour de plus, donc le lendemain, départ. Mais départ avec un ciel très couvert et de forts risques d'orage.
Et devinez quoi ?
J'ai pris une de ces rincées ....!!
Pas une, mais 4 ou 5, je ne les comptait plus. Si bien que si je suis arrivé trempé au port de Livadi sur l'île de Serifos, Alizée avait bien évidemment reçue les mêmes quantités d'eau que moi, et donc une inspection des fonds s'imposait. Pas mal d'eau dans les cales, de l'eau douce cette fois-ci, confirmant que la/les entrées d'eau étaient bien situées en partie haute. Aux grands maux, les grands remèdes et comme je voulais en avoir définitivement le coeur net, j'ai démonté les faux-plafonds autour de l'épontille (ce qui soutient le mât à l'intérieur du carré - pas les faux-plafonds hein, l'épontille !), démonté la goulotte de descente des câbles électriques en provenance du mât, constaté la présence d'eau et observé l'endroit alors que la tempête faisait rage dehors. Et j'ai vu ! Vu que l'eau descendait depuis les câbles électriques et pas qu'un peu ! La majeure partie tombant dans la cale de l'épontille, mais une partie non quantifiable, mais non négligeable non plus, partant se promener le long des cloisons en bois.....grrrrrr !!

Tout est donc resté démonté depuis, afin que l'ensemble sèche plus rapidement et surtout pour vérifier après réparation que le problème soit bien résolu.

Le lendemain, les orages évacués, j'ai donc procédé au démontage de chacun des 5 passe-fils présents au pied du mât, grattage, nettoyage, enlever les anciennes traces de mastic et de sel mêlés et re-masticage de l'ensemble et j'ai pas pleuré le mastic !


Bien, jusqu'à la prochaine rincée un peu sérieuse (celle d'hier soir était légère) on verra sur pièce si cela suffit.

(Fin - provisoire ? - de la section "Boire")

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Passons donc à la rubrique "déboire", laquelle s'est trouvée ouverte, pour commencer, par l'existence de la précédente, ce qui, au niveau lexical pourrait apparaître comme étant logique...

En effet, ayant démonté les faux-plafonds autour de l'épontille, j'ai observé des renflements de la fibre de verre sur tout son pourtour. Un peu comme si la fibre était avachi vers l'intérieur du bateau sous la poussée du mât. J'avais déjà remarqué depuis longtemps que ce qui ressemble à un sabot, à l'extérieur, au pied du mât, avait une forme qui ne semblait pas très naturelle, comme incurvée.
 

Toutefois je n'avais jamais remarqué d'évolution dans ce phénomène. La seule chose qui aurait pu me mettre sur la piste, mais je n'avais pas fait le rapprochement à l'époque, c'est la difficulté que j'avais eu à régler correctement la tension du haubanage (les câbles en acier qui tiennent le mât en position) et à obtenir les valeurs de tension préconisées par le constructeur.
Quelques recherches sur internet m'ont rapidement renseigné sur la question. Il existe une cale, en bois stratifié disposé entre le bas du mât et l'épontille qui le soutient par l'intérieur. Or il arrive que cette cale se pourrisse en s'imprégnant d'eau (par les passe-fils à l'étanchéité défectueuse par exemple...) et que sous la poussée du mât vers le bas, laquelle est occasionnée par la tension des haubans, elle s'avachisse. Résultat, le mât descend (bon pas d'un étage non plus, il y a quand même l'épontille dessous qui est en acier elle, et qui n'a pas bronché !) entraînant avec lui le pont qui étant doté d'une certaine élasticité, s'incurve vers le bas, modifiant ainsi son profil d'origine. Donc Alizée à le pied (de mât) dans un sabot pourri, on est loin de Cendrillon là...
Comme j'aime mon bateau, je ne peux pas le laisser ainsi. Le remède est simple, il faut démâter, découper le gelcoat sur l'emplacement du sabot inclus dans le polyester, l'extraire à la petite cuillère s'il le faut et le remplacer, de préférence par un bloc en alu qui ne bougera ainsi plus jamais et finir en re-stratifiant le tout avant de reposer le mât. Une paille. J'ai donc trouvé de quoi m'occuper au printemps !!


Un truc dans ce genre (photos trouvées sur le net)

Et puis comme j'ai beaucoup bu, il va falloir "déboire" beaucoup aussi. Ce n'est donc pas encore terminé...

Profitant de l'absence de vent avant-hier, je me suis décidé à descendre mon génois (la voile de devant) sur le pont afin de la réparer puisqu'elle commençait à se découdre au niveau de la chute.

Mais vu de plus près, les dégâts sont pas mal avancés. Comme je n'ai rien pour coudre (et qu'on ne trouve rien ici), je me suis résolu à repositionner la voile et la bande anti-uv (la partie bleue) et à la bloquer avec du scotch à voile. Seulement je n'en avais pas suffisamment. J'ai donc continué avec du scotch renforcé d'une trame de fil, mais je suis venu à bout du rouleau également. Comme je ne voulais pas renvoyer la voile sans terminer, j'ai terminé la réparation avec du scotch orange type "DDE". Je ne fais pas beaucoup d'illusion sur le temps que tiendra une telle réparation....

Deux options se présentent à moi, une réparation par une voilerie, mais le tissu à l'air bien fatigué quand même, et reste à en trouver une. Dans les îles, il n'y a rien. (Y'a même pas de gaz, alors) ou alors le remplacement pur et simple de la voile avec un sacré coup de canif dans le budget !



Pour l'instant je suis au port de Livadi, et j'avais presque l'intention d'y rester cet hiver. Il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire....

Entre temps ça s'est couvert, les orages sont arrivés et il s'est mis à pleuvoir. La bonne nouvelle c'est que pas une seule goutte n'est apparue au passage des cables électriques du mât à l'intérieur.. Oufff ! Niveau problèmes, je pose 2, je retiens un...mais petit à petit, on s'améliore !

A bientôt !









lundi 10 novembre 2014

Alizée dans le vent de Sikinos

Après la découverte de l'archipel de Santorin, laquelle n'a pas été forcément simple compte tenu du peu d'infrastructure portuaire qu'elle offre, tout au moins pour les bateaux de plaisance, mais superbe découverte cependant d'un site unique qu'il convient de voir même s'il ne peut à lui seul résumer ce que sont les Cyclades, cet ensemble d'îles situées à l'Est du golfe d'Athènes, Alizée et son capitaine larguent les amarres.

J'ai passé la dernière journée à Santorin à faire un peu de brico-entretien réparation. En l'occurrence il s'agissait de voir si je pouvais réparer un bouton qui ne répondait plus sur l'indicateur de vent du cockpit. Cet appareil indique la force du vent ainsi que sa direction, et même si pendant des siècles les marins ont su s'en passer, j'avoue que c'est un instrument pratique et quitte à en avoir un, autant qu'il marche. Cet indicateur possède aussi d'autres fonctions que je n'utilise jamais et c'est ainsi que j'ai pris connaissance du dysfonctionnement de ce bouton. En effet, j'ignore pour quelle raison, avant d'arriver à Santorin, je m'étais mis à jouer avec ces différentes options, lesquelles ont modifié l'affichage à l'écran en supprimant l'information de force du vent. Or pour revenir à cet affichage, il n'y a qu'une possibilité : le bouton display, le fameux dont j'ai découvert à ce moment précis qu'il ne fonctionnait plus.

Je n'ai aucune notion d'électronique, et quand bien même, les appareils sont maintenant truffés de circuits intégrés qui ne sont pas réparables, si ce n'est par le fabricant, éventuellement. Toutefois, je dois reconnaître que l'électronique d'une manière générale est assez fiable, et bien souvent les pannes proviennent de périphériques annexes. Nous allons bien voir. De plus, j'ai à bord un deuxième indicateur que j'avais remplacé parce que l'affichage de la direction du vent avait cessé de fonctionner. Je l'ai gardé au cas où il pourrait me fournir des éléments de rechange...

Donc, après avoir vidé le coffre babord du cockpit afin de démonter la cloison qui permet l'accés à l'AR de l'instrument et à ses vis de fixation, j'ôte l'appareil défectueux de la console, direction salle d'opération, c'est à dire la table du carré. Là, fouillant dans les entrailles de la bête, j'ai découvert, ce qui me semble être un défaut de conception (en même temps l'appareil a plus de 10 ans et a bien fonctionné jusqu'alors, mais quand même).

Euréka ! Je suis sûr d'avoir trouvé la source du problème, juste au départ de l'une des soudures du micro-bouton incriminé, il y a une vilaine trace d'oxydation et il semble bien que la piste en cuivre en bas à droite du boitier (en noir sur la photo) qui le relie à l'un des autres composants est touchée. Bizarre quand même, au démontage j'ai bien inspecté le joint du couvercle, et je n'ai décelé aucun défaut ni trace d'entrée d'eau ? En y regardant de plus près, je vois qu'à l'endroit précis de la trace d'eau, correspond sur le couvercle une empreinte en relief qui contient l'une des deux vis de fixation qui, lorsque le couvercle est fermé vient reposer sur le bossage indiqué en jaune sur la photo, et sur cette empreinte que vois-je ? Une micro-trace de la même oxydation ! CQFD, j'ai trouvé mon entrée d'eau. Il ne me reste plus qu'à vérifier la continuité de la piste en doute avec l'ohmètre et banco, elle est interrompue ! Je suis persuadé avoir mis le doigt sur la cause de la panne. Enfin je dis le doigt, mais vu la miniaturisation des circuits, il se trouve que mon doigt couvre un bon quart de l'appareil !
Comme le couvercle comporte deux vis de fixation incluses par le même procédé, il m'est facile de vérifier mon hypothèse de fuite : il y a sur le haut du circuit, côté gauche (les vis sont en diagonales) exactement la même trace d'oxydation, et là aussi une piste imprimée fait une sale tête. Bon celle-ci alimente une diode d'éclairage mais les autres fonctionnant, je laisse en l'état.


Le reste c'est de la plomberie lourde, et j'ai un peu honte de vous montrer ma réparation, mais en attendant ça re-marche ! Enfin pas du premier coup, parce que ma soudure sur le composant a été tellement fine que j'ai recouvert trois composants d'un coup qui n'avaient pas à l'être et sur le coup, plus rien ne marchait...Il faut dire aussi que la distance entre les composants est de l'ordre du mm et ma capacité de finesse de soudure avec mes gros doigt est, elle, de l'ordre du demi-mêtre !! Heureusement que j'avais pris la photo avant car c'est grâce à cela que j'ai pu voir l'erreur de l'apprenti plombier soudeur en gros !! Alors chauffe et gratte, et ressoude proprement...test, youpioura ça fonctionne !
Je fignole l'étanchéité des vis au mastic avec la truelle de précision, (celle qui fait deux fois la largeur du boitier) et je n'ai plus qu'à remonter le tout, ni vu ni connu j't'embrouille. Je suis tellement content que si je m'écoutais je ferais deux fois l'ascension du Profiti Ilias à cloche-pied (mais je ne me suis pas écouté et j'ai dignement fêté ma victoire sur l'électronique récalcitrante en optant pour une bonne bière, plutôt...)



Et c'est donc grâce à cet appareil qui daigne re-fonctionner que je peux vous proposer ci-dessous une vidéo d'Alizée au près (pas trop serré mais il se debrouille bien quand même, surtout que sur ce bord l'indicateur de direction du vent me vole à peu près 5 degrés, la faute à l'aérien en haut de mât, décalé grâce aux bons offices d'un goéland qui s'est perché dessus) dans un vent dont l'intensité est désormais à nouveau affichée, dans les conditions musclées que j'ai rencontrées en allant de Santorin à Folegandros puis à Ios :








A bientôt !





vendredi 7 novembre 2014

Santorin à la nage...

... si il le faut! 

Après une première tentative, rappelez-vous, en provenance d'Amorgos, qui faute d'endroit adéquat pour laisser le bateau en sûreté, m'avait vu faire un p'tit tour de caldera et puis s'en va, je m'étais dirigé vers l'île d'Ios (qui n'est pas la version grecque de l'île d'Yeu) escale tout à la fois technique avec recherche d'entrée d'eau dans les cales et nettoyage d'icelles, et d'agrément puisque cette île est un havre de paix ce qui doit sans doute étonner ceux qui l'ont fréquentée en été. D'ailleurs j'y suis à nouveau et c'est de là que je vous écris ce soir. 
Je suis à la terrasse de la boulangerie qui a la double bonne idée d'avoir un accès wifi libre et une terrasse éclairée avec chaise et table alors même qu'elle est fermée à cette heure, le grand confort quoi ! A 22h il fait encore une vingtaine de degrés, il faut dire que la journée à été chaude, comme hier d'ailleurs, j'en ai profité pour travailler sur le pont, short et tee-shirt de rigueur.

J'étais donc parti sur Ios avec l'idée d'y laisser le bateau et de prendre un ferry pour Santorin. Tout l'été j'ai vu ainsi de petits ferries assurer des services de navette entre les îles proches avec des fréquences de rotation relativement élevées du genre une toute les heures. Ios est juste à côté de Santorin qui est quand même, à tout seigneur tout honneur, LA destination des Cyclades. Oui mais non, des navettes pluri-quotidiennes il n'y en a pas. Et comme le service régulier entre îles est un service quotidien, cela veut dire que je ne peux pas revenir le même jour que celui auquel je suis parti. Problème...
C'est que Santorin est là, juste à portée de voile et il n'est pas question que je fasse l'impasse de sa visite. Ne serait-ce que par respect pour ceux qui viennent de l'autre bout du monde pour la voir.
Et puis voilà qu'en parlant avec un équipage de passage, j'apprends que oui, il y a bel et bien un port au Sud de Santorin (enfin au Sud de Thira, Santorin n'est pas une île, c'est un archipel. Je me jette sur les cartes et je le vois : Vlikhada.
Ni une ni deux, l'équipage paré à appareiller, au poste de maneuvre et larguez les amarres bande de moules à gaufre (ah non, là c'est Capitaine Haddock, je confonds). Toutes voiles dehors, je file vers Santorin, Vlikhada me v'la !
Quelques heures après, j'y suis. Bon, première difficulté, il y a un ancien mole en pierre écroulé sous l'eau, mais il n'est pas signalé, ni par une bouée quelconque, ni sur les cartes (il y a bien la mention de cet ancien mole, mais c'est tout) va falloir faire gaffe. J'analyse les lieux, je scrute la surface de l'eau pour y déceler des remous éventuels qui trahiraient la présence des pierres assassines qui guettent sournoisement, tapies juste là sous la surface de l'eau, leur prochaine proie et je me dirige au plus près des hauts fonds qui bordent l'entrée du port par l'Est. Je me dis que si ils ont mis une digue, ce n'est pas là qu'elle doit se trouver. Les fonds remontent, 4m puis 3,1m 2,6m, maintenant je vais droit sur l'entrée du port, la digue submergée doit être derrière moi. J'arrive entre les deux digues parallèles, une sorte d'avant-port en long : 2m aïe, de plus je sais qu'il y a un rocher qui déborde à l'intérieur de la passe, mais je ne sais plus de quel côté...je décide de rester à peu près au milieu entre les deux digues, je continue d'avancer et le sondeur m'affiche 1,9m là je devrais déjà toucher le fond depuis 10 cm ! Mais je sais que je passe à cette hauteur, je l'ai déjà fait. Seulement manque de chance ça continue de remonter : 1,8m puis 1,7m mais je n'ose pas aller plus près de la digue intérieure à cause du foutu rocher !! Mais 1,7m, là je suis sûr que je vais toucher, j'avance tout doucement, la main sur la manette des gaz, prêt à faire marche AR au moindre ralentissement ou au moindre choc. J'hésite, c'est vraiment trop bête d'être arrivé jusqu'ici pour devoir faire demi-tour maintenant alors que l'entrée du port est à 20m devant moi ! Et puis il y 2 voiliers dans le port (ce qui ne veut rien dire, ils ont peut être moins de tirant d'eau que moi) et 4 ou 5 catamarans, mais eux n'ont pratiquement pas de tirant d'eau. Je me dis que c'est peut-être du sable dû aux courants entre la plage qui borde l'entrée du port et la digue extérieure, en allant doucement, je peux peut-être rentrer comme ça en déplaçant un peu de sable avec la quille...Le temps d'écrire tout ça, m'y voilà, je suis à l'entrée du port (enfin j'écris pas pendant la manœuvre hein ? C'est en différé là...) Je souffle : ça redescend un peu : 2m 2,1m ça y est, hourra je suis dans le port ! Bon, c'est pas tout mais il n'y a pas 50 places. J'en repère une, je m'approche en marche avant pour vérifier les fonds et pour voir si il y a des pendilles ou si il faut mouiller l'ancre. Il y a un gars sur un catamaran, je lui demande. Et il me dit que c'est pas possible, un autre cata doit rentrer je dois aller sur le quai extérieur. Super ! Il y a effectivement une place sur le quai extérieur, entre un cata et un voilier, mais a vue de nez, Alizée doit y rentrer juste, tout juste même. Tant pis j'y vais, on ne pourra pas dire que je n'ai pas tout essayé ! Et me revoilà à l'entrée du port : 1,9m 1,8m 1,7m... 1,6m même !! Là, je me dis que ce n'est pas possible, je vais me planter c'est sûr.  Et bien non, ça passe, je n'en reviens pas, il faudra peut-être que je vérifie l'étalonnage du sondeur un de ces quatre ! Je prépare les amarres sur bâbord et je m'approche, il faut que je passe au ras du voilier pour arriver à m'enquiller entre lui et le catamaran, c'est serré. Ça ne se présente pas trop mal, heureusement il n'y a pas de vent, le port est très bien protégé des vents de Nord. Un gars arrive sur le quai pour m'aider à prendre mes amarres et là, à 2m du quai, soudain je sens Alizée qui s'arrête, doucement...je m'échoue, dans du sable sûrement. Vite je passe la marche AR, je jette un œil au sondeur : 1,2m !! Tu m'étonnes ! Finalement, le gars est le préposé au port (mais il ne m'avait pas prévenu), il me demande combien de temps je vais rester, et il me trouve une place, je re-rentre dans le port, royal ! Ça y est, je suis à quai, le Dax est débarqué qui sautille sur ses jantes tellement il est content d'aller visiter Santorin, et c'est parti.

On commence par Oia, qui n'est pas la ville principale :


(Oia là-bas derrière l'amphore)










 (sympa la vue, non ?)

(-"c'est super chéri, passe-moi la crème solaire stp...")











(Vu la couleur des roches, on sent que ça a dû chauffer par ici...)


(on va pas la lui voler sa grille ! hahahaha)

(après le capitaine Haddock, voici Panoramix. On fait dans la BD aujourd'hui)




(comment il doit être bon le 'tit apéro iciiiiiii....)





(un autre panoramix ? Bon, allez d'accord...)








ça vous a plu ? Vous en re-demandez ? OK allons voir Thira, la ville principale qui donne son nom à l'île (ou l'inverse, va savoir)







Petit apparté entre deux photos, cette île que l'on voit en face et sur de nombreuses photos est Nea Kameni, elle est au milieu de la caldera. Cette île est le cratère actif  (de nos jours) du volcan.Elle est apparue 1400 ans après l'effondrement du cratère qui eut lieu en 1600 av. JC et qui n'est pas habitée. Ah si, par des rats. Beurkk !













Mon sentiment est mitigé. Le site est exceptionnel en lui-même, naturellement, et il est magnifié par son histoire à laquelle la présence de l'homme lui confère une dimension dramatique. Ces villages bâtis à dos de falaise ajoutent encore au caractère extraordinaire de l'endroit. Mais voilà, à l'époque du tourisme de masse, cet endroit, à la base authentique s'il en est, s'est mué en une place hôtelière de première classe où les hôtels rivalisent avec les studios à louer et où les ruelles principales sont devenues des artères commerçantes comme on peut en rencontrer dans n'importe quelle métropole moderne. Il est sans doute du dernier chic de pouvoir répondre à un compliment sur un bijou : "oui, il est superbe, je l'ai trouvé à Santorin l'été dernier..." mais le fait est que la multiplication des commerces a rompu l'équilibre du village et s'il est vrai qu'ils créent une animation dans n'importe lequel des endroits où ils fleurissent, il me semble que lorsqu'il y en a trop le charme se rompt.

Heureusement l'île possède d'autres curiosités, poursuivons donc sa visite, et puisqu'on parle d'histoire, vers un village, sorte de Pompéi Egéenne, témoin ayant traversé les époques de l'une des plus grandes catastrophes qu'ait connu le monde antique, l'explosion du cratère à laquelle certains attribuent le déclin de l'ère minoenne et qui a sans conteste eu des répercussions importantes sur les civilisations méditerranéennes . Ce village porte le nom d'Akrotiri et a été découvert en 1967, quasiment intact, enfoui dans des couches de cendres et de pierres ponces au SW de Thira.

Le site qui continue a être étudié a été aménagé de façon bioclimatique afin d'éviter sa dégradation, c'est pourquoi sur les photos qui suivent, vous verrez cette sorte de toit et les piliers qui, de part en part le soutiennent.





Un village ou une ville, éminemment moderne où certaines maisons étaient bâties sur 2 ou 3 étages et  disposaient de salle de bains avec évacuation dans une sorte de tout à l'égout aménagé sous la rue...de nombreuses fresques peintes ont été retrouvées pour ainsi dire intactes. Et là encore, comme sur le site de l'ancienne Thera, le schéma du village ressemble énormément, hôtels en moins, au tracé et à la configuration générale d'un village actuel des Cyclades. Etonnant cette pérennité d'urbanisme.

MAJ du 02décembre : un documentaire sur l'Atlantide dans lequel il est question de Santorin et de ce village enseveli sous les cendres (a partir de la 19 ème minute jusqu'à la 30 ème)



Je vous parlais de "l'ancienne Thera", il s'agit d'un village abandonné après une éruption en 726 ap. JC alors qu'elle avait été fondée environ 1600 ans auparavant. De superficie très vaste elle est disposée sur une crète le Messa Vouno à 387m de hauteur, à la manière des "Chora" que j'ai eu l'occasion de visiter sur d'autres îles.


 








Tout cela nous montre une civilisation très avancée et qui faisait la part belle aux arts et à la décoration.

Après avoir gravi le Messa Vouno à pied, un chemin de mule s'offrait à moi juste à l'entrée du site afin de poursuivre l'ascension jusqu'au sommet du Profitis Ilias à 566m d'altitude, ainsi nommé parce que le prophète Elias y aurait prêché. De là-haut j'aurais sans doute un superbe point de vue sur la caldera située de l'autre côté, allons voir...


(vue côté Perissa avec le sommet Messa Vouno de l'ancienne Thera au milieu)

(côté caldera)

ça valait le coup, mais rien que la descente jusqu'en bas m'a pris presque 2h, mon genou gauche ne lui dit pas merci !

Près du village enseveli d'Akrotiri il y a une plage qui s'appelle Red Beach, allez savoir pourquoi ?

(déclaration sur l'honneur : "Par Zeus je jure ne pas avoir trafiqué les couleurs de la photo...")

(j'ai honte d'appartenir à la civilisation qui n'est même pas foutue de ramener sa bouteille vide jusqu'à la prochaine poubelle, et qui laisse ce valeureux témoignage que les générations futures découvriront peut-être à leur tour dans des fouilles de bien piètre valeur culturelle...)
Mon petit tour de l'île se terminant par le port d'où je ré-embarque afin de faire route vers....
...vous le découvrirez ici même lors d'un prochain article !
(falaises de cendres et de pierre ponce près du port)

Très friables et soumises à l'érosion du bord de mer, les falaises libèrent des blocs de pierre emprisonnés dans les couches de cendres durcies faisant apparaître ces dessins à la géométrie toute...volcanique et menaçant d'emporter un jour la terrasse de la taverna bâtie dessus)

A bientôt !