Non, boire serait plutôt le symbole des quantités d'eau qu'Alizée a ingurgitées. J'avais tout d'abord découvert la présence d'eau de mer dans les cales lors d'une navigation entre Amorgos et Santorin. A l'escale suivante, sur l'île d'Ios, j'avais donc consacré toute une journée au nettoyage (afin d'éliminer le sel résiduel) des cales ainsi qu'à la recherche de l'entrée d'eau. Très vite, la partie immergée de la coque ainsi que les orifices qui y sont implantés s'étaient (ouf !) trouvés hors de cause. Mes soupçons s'étaient donc portés vers la partie haute du bateau (au-dessus de la ligne de flottaison), avec une première interrogation (on cherche toujours le pire) concernant l'étanchéité de la liaison coque-pont. Le bateau est en effet construit en deux parties : la coque et le pont, qui sont ensuite liées l'une à l'autre après que les emménagements intérieurs aient été réalisés. Cette partie n'est donc pas naturellement étanche, la liaison se fait par boulonnage-collage, et l'étanchéité est obtenue à la colle mastic fournie en abondance. Etant donné que cette liaison se retrouve régulièrement sous l'eau en navigation sous les effets conjugués des vagues et de la gîte, mon attention s'était portée vers cet endroit, lequel s'est finalement avéré parfaitement étanche (re-oufff !).
Mes investigations m'ont ensuite emmené à découvrir des traces d'eau sur la cloison séparant les deux cabines avant. Il a donc fallu démonter les faux plafonds pour voir de quoi il retournait et là j'ai fini par comprendre quelque chose qui m'avait interpellé depuis longtemps mais auquel je n'avais pas prêté une attention suffisante.
Il y a dans chacune des cabines avant, un aérateur, visible depuis l'extérieur,
depuis la plage avant (ci-dessus), et depuis l'intérieur des cabines (ci-dessous),
sans que l'un communique avec l'autre de façon visuelle. Je m'étais (souvent serait beaucoup dire) demandé comment un tel système pouvait assurer une étanchéité absolue, vue sa présence sur la partie avant du bateau qui est régulièrement submergée par les vagues. Mais en définitive je n'avais jamais cherché plus loin, n'ayant jamais constaté d'entrée d'eau dans les cabines avant...en fait ça rentrait depuis longtemps, mais ensuite cela séchait et je ne m'apercevais de rien.
Grossière erreur !! Bien que la première soit à mon avis à mettre à l'actif du constructeur. Comment un bateau homologué en première catégorie, c'est à dire susceptible de pouvoir affronter des mers très dures peut-il être équiper d'un tel accessoire sur le pont ?? Cet aérateur ne propose en effet qu'une simple barrière de type siphon ouvert pour toute étanchéité et si il n'y avait pas de communication apparente entre l'intérieur et l'extérieur, c'est tout simplement parce que les orifices sont décalés ! Ainsi, dés que l'avant du bateau plonge dans les vagues,
il y a nécessairement de l'eau qui pénètre dans le bateau. Oh, certes, pas dans des quantités qui soient de nature à le faire couler. Cependant cette eau se promène allégrement dans les faux plafonds puis s'écoule par gravité dans tous les endroits possibles, laissant du sel sur son passage et imprégnant les faux-plafonds et les cloisons tout cela étant en bois, le top !! En conclusion, 2 aérateurs à remplacer par des modèles obturables.
Il reste qu'il m'est difficile de penser que toute l'eau que j'avais trouvé dans la cale, provenait de ces aérateurs. J'ai donc continué de chercher. Et quand on cherche....
On trouve ! J'avais trouvé de l'eau au pied de l'épontille mais n'y avait pas prêté beaucoup d'attention, parce que c'est une cale intermédiaire et je m'étais imaginé que l'eau ne faisait que transiter par là. Cependant j'avais démonté la baguette en bois derrière laquelle circule les fils électriques qui montent le long du mât
et n'avais rien trouvé de flagrant. Certes, il y avait bien là quelques traces d'eau mais pas de quoi fouetter un chat. De toutes façons je n'en avais pas sous la main à ce moment-là. J'ai donc pensé résoudre ce problème qui m'apparaissait comme étant mineur en re-étanchéifiant les passe-fils sur le pont avec un peu de mastic. (De plus les chats préféraient cette solution)
Et j'en était resté là, jusqu'au jour où j'ai tourné la vidéo de Sikinos dans laquelle on voit Alizée naviguer dans une mer moyenne mais praticable sous un vent assez fort. Deux heures avant que de tourner les images de cette vidéo, les conditions de mer étaient bien plus dégradées et l'avant d'Alizée plongeait beaucoup plus fréquemment dans les vagues. A l'arrivée au port, j'avais ainsi pu constater à nouveau la présence d'eau dans les cales, bien qu'en quantité nettement inférieure à ce que j'avais découvert entre Amorgos et Santorin. Re-nettoyage !
La semaine dernière, ayant relâché à Kamarès sur l'île de Sifnos, j'ai dû en partir rapidement car l'abri n'y était absolument pas confortable. Déjà la présence de pneus le long des quais a laissé quelques traces noires sur la coque malgré mes précautions, ensuite les Coast Guards sont venus me demander de changer de quai car un navire d'une soixantaine de mêtres devait arriver. Sauf que le quai des pêcheurs qu'ils m'ont proposés s'est avéré ne pas m'être praticable par manque de fond à son aplomb. Ne restait plus que le bout de la jetée où j'ai passé une nuit agitée, Alizée faisant des sauts de cabri sous l'effet de la houle qui rentrait dans la baie, avec des creux d'environ 1m !
Avec ça, inutile de rester un jour de plus, donc le lendemain, départ. Mais départ avec un ciel très couvert et de forts risques d'orage.
Et devinez quoi ?
J'ai pris une de ces rincées ....!!
Pas une, mais 4 ou 5, je ne les comptait plus. Si bien que si je suis arrivé trempé au port de Livadi sur l'île de Serifos, Alizée avait bien évidemment reçue les mêmes quantités d'eau que moi, et donc une inspection des fonds s'imposait. Pas mal d'eau dans les cales, de l'eau douce cette fois-ci, confirmant que la/les entrées d'eau étaient bien situées en partie haute. Aux grands maux, les grands remèdes et comme je voulais en avoir définitivement le coeur net, j'ai démonté les faux-plafonds autour de l'épontille (ce qui soutient le mât à l'intérieur du carré - pas les faux-plafonds hein, l'épontille !), démonté la goulotte de descente des câbles électriques en provenance du mât, constaté la présence d'eau et observé l'endroit alors que la tempête faisait rage dehors. Et j'ai vu ! Vu que l'eau descendait depuis les câbles électriques et pas qu'un peu ! La majeure partie tombant dans la cale de l'épontille, mais une partie non quantifiable, mais non négligeable non plus, partant se promener le long des cloisons en bois.....grrrrrr !!
Tout est donc resté démonté depuis, afin que l'ensemble sèche plus rapidement et surtout pour vérifier après réparation que le problème soit bien résolu.
Le lendemain, les orages évacués, j'ai donc procédé au démontage de chacun des 5 passe-fils présents au pied du mât, grattage, nettoyage, enlever les anciennes traces de mastic et de sel mêlés et re-masticage de l'ensemble et j'ai pas pleuré le mastic !
Bien, jusqu'à la prochaine rincée un peu sérieuse (celle d'hier soir était légère) on verra sur pièce si cela suffit.
(Fin - provisoire ? - de la section "Boire")
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Passons donc à la rubrique "déboire", laquelle s'est trouvée ouverte, pour commencer, par l'existence de la précédente, ce qui, au niveau lexical pourrait apparaître comme étant logique...
En effet, ayant démonté les faux-plafonds autour de l'épontille, j'ai observé des renflements de la fibre de verre sur tout son pourtour. Un peu comme si la fibre était avachi vers l'intérieur du bateau sous la poussée du mât. J'avais déjà remarqué depuis longtemps que ce qui ressemble à un sabot, à l'extérieur, au pied du mât, avait une forme qui ne semblait pas très naturelle, comme incurvée.
Toutefois je n'avais jamais remarqué d'évolution dans ce phénomène. La seule chose qui aurait pu me mettre sur la piste, mais je n'avais pas fait le rapprochement à l'époque, c'est la difficulté que j'avais eu à régler correctement la tension du haubanage (les câbles en acier qui tiennent le mât en position) et à obtenir les valeurs de tension préconisées par le constructeur.
Quelques recherches sur internet m'ont rapidement renseigné sur la question. Il existe une cale, en bois stratifié disposé entre le bas du mât et l'épontille qui le soutient par l'intérieur. Or il arrive que cette cale se pourrisse en s'imprégnant d'eau (par les passe-fils à l'étanchéité défectueuse par exemple...) et que sous la poussée du mât vers le bas, laquelle est occasionnée par la tension des haubans, elle s'avachisse. Résultat, le mât descend (bon pas d'un étage non plus, il y a quand même l'épontille dessous qui est en acier elle, et qui n'a pas bronché !) entraînant avec lui le pont qui étant doté d'une certaine élasticité, s'incurve vers le bas, modifiant ainsi son profil d'origine. Donc Alizée à le pied (de mât) dans un sabot pourri, on est loin de Cendrillon là...
Comme j'aime mon bateau, je ne peux pas le laisser ainsi. Le remède est simple, il faut démâter, découper le gelcoat sur l'emplacement du sabot inclus dans le polyester, l'extraire à la petite cuillère s'il le faut et le remplacer, de préférence par un bloc en alu qui ne bougera ainsi plus jamais et finir en re-stratifiant le tout avant de reposer le mât. Une paille. J'ai donc trouvé de quoi m'occuper au printemps !!
Un truc dans ce genre (photos trouvées sur le net)
Et puis comme j'ai beaucoup bu, il va falloir "déboire" beaucoup aussi. Ce n'est donc pas encore terminé...
Profitant de l'absence de vent avant-hier, je me suis décidé à descendre mon génois (la voile de devant) sur le pont afin de la réparer puisqu'elle commençait à se découdre au niveau de la chute.
Mais vu de plus près, les dégâts sont pas mal avancés. Comme je n'ai rien pour coudre (et qu'on ne trouve rien ici), je me suis résolu à repositionner la voile et la bande anti-uv (la partie bleue) et à la bloquer avec du scotch à voile. Seulement je n'en avais pas suffisamment. J'ai donc continué avec du scotch renforcé d'une trame de fil, mais je suis venu à bout du rouleau également. Comme je ne voulais pas renvoyer la voile sans terminer, j'ai terminé la réparation avec du scotch orange type "DDE". Je ne fais pas beaucoup d'illusion sur le temps que tiendra une telle réparation....
Deux options se présentent à moi, une réparation par une voilerie, mais le tissu à l'air bien fatigué quand même, et reste à en trouver une. Dans les îles, il n'y a rien. (Y'a même pas de gaz, alors) ou alors le remplacement pur et simple de la voile avec un sacré coup de canif dans le budget !
Pour l'instant je suis au port de Livadi, et j'avais presque l'intention d'y rester cet hiver. Il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire....
Entre temps ça s'est couvert, les orages sont arrivés et il s'est mis à pleuvoir. La bonne nouvelle c'est que pas une seule goutte n'est apparue au passage des cables électriques du mât à l'intérieur.. Oufff ! Niveau problèmes, je pose 2, je retiens un...mais petit à petit, on s'améliore !
A bientôt !