samedi 1 novembre 2014

Amorgos - Santorin - Ios

Parti d'Amorgos des images plein la tête et les yeux grands ouverts afin de ne pas en laisser échapper une miette, j'ai, pour une fois, une petite idée de ma prochaine destination, ce sera Santorin. La plus sudiste des Cyclades, puisqu'en dessous il n'y a plus que la Crète qui n'en fait pas partie.

C'est certainement l'île grecque la plus connue au monde, celle dont tout le monde a vu au moins une fois la photo de ces villages improbables aux maisons blanches et bleues cramponnées à leurs falaises qui plongent à la verticale dans la caldera laquelle n'est pas autre chose que l'ancien cratère d'un volcan partiellement effondré et englouti et dont les restes émergés forment l'archipel de Santorin. Car Santorin n'est pas une île, ou plutôt ne l'est plus, depuis l'explosion du cratère, c'est un archipel constitué de 4 iles dont deux sont habitées.


Une inconnue subsiste cependant : les vents...
La météo dit vent de Sud-Ouest, c'est justement ma direction, mince ! J'envisage une option intermédiaire, faire route sur Ios, une île située au NW de Santorin qu'éventuellement je pourrais rejoindre en route directe pour la majeure partie du tracé et en tirant quelques bords ensuite sur sa face W afin de descendre au port, qui s'appelle Ios aussi, ça simplifie... voyez plutôt :

(Petite erreur en bas à gauche de la fléche du vent, il faut lire SW et non SE)


Vers Santorin, à vue d'oeil une cinquantaine de milles avec les bords et vers Ios un peu moins de trente. Je suis parti tard, vers 10h, un voilier était à couple avec moi et il devait bouger pour que je puisse partir. Comme c'était des Papy Mamy je leur avais dit que je ne partais que vers 10H00, les pauvres !

Une fois dépassé la pointe W d'Amorgos, je reçois un vent réel en force et en intensité, non parasité par la présence de la côte. Verdict c'est mieux que prévu, le vent souffle du Sud au lieu du SW attendu mais le ciel est chargé, il y a des orages dans l'air. Je prépare le bateau dans l'éventualité de la pluie : fermer les panneaux, sortir le panneau de descente, préparer la combinaison de pluie à portée de main dans le carré. Il fait bon mais le vent souffle assez fort, je me couvre un peu. Je décide de tirer direct sur Santorin tant que le vent reste dans cette direction et dans le cas où il virerait SW, je maintiens mon option Ios mais en passant par le sud de l'île si j'avance suffisamment vers le sud :


Car rappelez-vous qu'un voilier ne peut en aucun cas avancer face au vent (enfin si, au moteur) mais au mieux à 50° du vent réel (pour Alizée c'est entre 45 et 50) et si le vent forcit ça se détériore, car il faut alors diminuer la voilure en roulant les voiles, et la performance contre le vent devient moins bonne.

Vers 12H30, le vent souffle assez fort, environ 25 noeuds et la mer est hachée, ce que voyant je me dis que pour faire une omelette je n'aurais pas beaucoup d'efforts à faire afin de casser les oeufs, et je pars dans la cale pour attraper une boite de champignons (car les conserves sont stockées à fond de cale sous les planchers). Horreur !! Il y a de l'eau dans la cale, et pas qu'un peu ! Je goûte : salée ; de l'eau de mer ! La hantise du marin, voir de l'eau de mer envahir son bateau. Aussitôt je mets la pompe de cale en route. Il faut vous dire qu'Alizée est un bateau sec. Je n'ai jamais eu d'eau dans les cales, d'où ma frayeur. Une par une je soulève toutes les plaques de plancher afin de vérifier l'étendue de l'entrée d'eau et essayer de voir d'où elle peut provenir. La pompe de cale se désamorce assez rapidement, c'est bon signe, ça prouve que ce ne sont pas des flots qui pénètrent dans le bateau.L'essentiel de l'eau se trouve dans les compartiments du milieu du bateau, mais cela ne veut rien dire puisque c'est la pente naturelle de la coque, plus ventrue dans le milieu. Cependant ça n'a pas l'air de venir de devant, ni de l'AR non plus, le compartiment moteur contrôlé en premier étant sec. De plus je navigue contre le vent et le bateau est assez gité. Ajoutez à cela qu'il y a une mer assez formée et qu'Alizée gambade joyeusement un peu dans tous les sens. Je ferme toutes les vannes de coques, mais je ne vois rien de significatif. Toutes les 5 minutes je remets la pompe de cale en route et je soulève à nouveau les planchers. Apparemment le niveau d'eau descend, je ne vois pas d'eau rentrer...mystère.
En y réfléchissant, j'ai eu en arrivant sur Amorgos des conditions de mer assez difficiles et je ne sais pas depuis combien de temps cette eau est présente dans la cale, car je ne mange pas des champignons tous les jours. Peut-être cela date-t'il de ce jour-là ? Avec tout ça l'heure de l'omelette est passée et j'avoue que cette découverte m'a un peu coupé l'appétit.

Finalement, le vent est resté stable un bon moment, la pluie est venue avec l'orage et je me suis suffisamment avancé vers Santorin pour que, lorsqu'il finit par tourner, je décide de continuer en tirant des bords. A 2 milles environ, le vent est tombé ou peut-être arrêté par le relief de l'île, je continue au moteur mais sous une pluie battante. Heureusement l'averse passe assez vite et lorsque je fais mon entrée dans l'ancien cratère du volcan (enfin on dit l'ancien, mais on pourrait peut-être dire le futur nouveau, allez savoir) la pluie a cessé et la visibilité est correcte.



Fiouuuuu !! Je dois dire que c'est impressionnant ! Ce sont vraiment des falaises avec des couleurs sensationnelles, du noir, de la rouille du gris, on sent qu'ici ça a chauffé ! Les villages accrochés sur les parois tout en haut doivent fournir une vue saisissante du cratère. Mais j'y pense, je navigue dans un volcan...pourvu qu'ils aient pensé à éteindre le gaz, j'apprécierais pas vraiment de voir les eaux bouillonner en faisant fondre la coque d'Alizée !!


 Ne sachant pas où est le port, je cherche sur la carte et aussi de visu, mais je dois vite me rendre à l'évidence : il n'y a pas de port. Avisant un voilier amarré sur un coffre (une espèce de bouée immense en acier d'environ 5 m de diamètre et 1,5 m de hauteur) prévu pour amarrer un paquebot, je me dirige vers lui. Arrivé à sa hauteur, il me confirme qu'il n'y a pas de port à Santorin (ce qui s'avèrera faux d'ailleurs). Que faire ? Si je suis ici, c'est évidemment pour visiter 'île, sinon quel intérêt ? Mais envisager de laisser Alizée amarrée sur un coffre en acier (rouillé) qui doit peser 2T5 avec le risque qu'il aille taper dedans me laisse perplexe...déjà eu mon lot de frayeurs pour la journée moi !
Au milieu de la Caldera il y a un îlot de magma solidifié apparût après l'explosion du cratère. Sur la carte figurent des criques, il y a peut-être la possibilité de mouiller là pour la nuit et on verra pour demain. Je me dirige vers l'îlot en question et ne tarde pas à m'apercevoir que toutes les criques sont pleines à craquer des bateaux d'excursion qui n'ayant pas de port non plus, sont amarrés là en permanence.

Il faut que je prenne une décision, en entrant dans la caldera j'ai repéré quelques bouées de mouillage sous la ville d'Oia, je me décide à y retourner. Entre temps le vent s'est relevé, je coupe le moteur et remets les voiles, il est 18h00.
Lorsque j'arrive sur les bouées il fait presque nuit, le vent souffle, il y a toujours des orages qui tournent. Je me demande comment je ferai le lendemain avec l'annexe pour aller à terre (d'autant que le moteur de l'annexe ne marche plus). Rien à faire, la situation ne me convient pas, je calcule que si je remonte maintenant vers Ios distante d'une quinzaine de milles, avec le vent dans le dos, je vais en avoir pour environ deux heures, et de là, je pourrais prendre un ferry pour venir visiter Santorin le lendemain. Aussitôt dit aussitôt fait, à 18h50 je sors de la Caldera, cap sur Ios.


 La nuit est quasiment tombée, j'allume mes feux de navigation et je remets le ciré parce qu'à mon avis dans moins d'un quart d'heure je vais y avoir droit !

C'est sûr que j'y ai eu droit, ça n'a pas arrêté !! J'ai passé la meilleure partie du temps dans le carré à l'abri, en jetant un oeil dehors de temps à autre. Mais mis à part un petit cargo qui a changé de route assez rapidement et qui a disparu dans la nuit, il n'y a personne sur l'eau, je suis seul. La bonne nouvelle c'est que la cale est pour ainsi dire vide, il n'y a pas/plus d'eau qui rentre. Oufff...

A 21h30 je rentre dans la baie de Ios avec un fort vent de l'AR, accompagné d'une bonne houle et c'est le moment que choisie la pluie pour cesser, ce qui m'arrange bien finalement. Le vent, la houle résiduelle qui rentre dans la baie (car elle est ouverte au sud et il y a beaucoup de ressac dans la baie et le port dans ce cas-là), la nuit et le fait que je ne connais pas le port et que je vais devoir accoster avec un fort vent de travers me suffisent amplement comme handicap...

22H00 - "terminé machine" comme on dit dans la marine. Alizée est amarrée au quai Sud (que j'ai découvert après moults hésitations car il ne figurait pas sur les cartes - il n'a pourtant pas l'air tout neuf...) provisoirement car il est vraiment très bas et avec le ressac, Alizée pourrait bien grimper sur le quai ! J'amarre lache, le bateau est à un bon mètre du quai, tenu écarté par le vent. Maintenant une bonne douche bien chaude, des vêtements secs et à table !! Voici un moment anodin pour quiconque mais que je vais particulièrement apprécier. Finalement le bonheur ça peut être simple.

Parti à 10H00 d'Amorgos, on est à 22H00 à Ios : sur Alizée on aime les comptes ronds mais pas les routes directes. La trace GPS m'apprend que j'ai parcouru un peu plus de 60 milles, le loch me dit 58 milles, ils sont à peu près d'accord. 60 milles en 12H ça fait du 5 noeuds de moyenne. Compte tenu de l'arrêt dans la Caldera (parce que je me suis quand même amarré sur un coffre pour voir) c'est pas mal.


(Ecran GPS - la route réellement suivie en jaune - en bleu la route tracée pour le calcul de l'option 1)

Demain, lavage rinçage des cales pour enlever le sel et recherche de l'entrée d'eau. Ensuite j'irai visiter l'île et me renseigner pour les ferries à destination de Santorin.

A bientôt !



2 commentaires:

  1. As-tu trouvé par où rentrait de l'eau dans ta cale? J'espère que ce n'est pas grave et que tu as pu résoudre ce problème Ah!
    mon pauvre la vie n'est pas toujours rose!.....
    Vertigineuse falaises, c'est toujours beau je trouve, ces paysages volcaniques, encore plus quand ça plonge vers la mer et que la chora se trouve perchée tout là haut. Toujours des orages?

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  2. Pas vraiment trouvé non, mais j'ai quelques pistes. En tout cas rien ne provient de la coque, ce serai plutôt par le haut. Je surveille ça de prés. C'est beau les volcans, hein ? L'embêtant c'est quand ça explose... plus d'orages mais pas mal de vent ces temps ci

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