... si il le faut!
Après une première tentative, rappelez-vous, en provenance d'Amorgos, qui faute d'endroit adéquat pour laisser le bateau en sûreté, m'avait vu faire un p'tit tour de caldera et puis s'en va, je m'étais dirigé vers l'île d'Ios (qui n'est pas la version grecque de l'île d'Yeu) escale tout à la fois technique avec recherche d'entrée d'eau dans les cales et nettoyage d'icelles, et d'agrément puisque cette île est un havre de paix ce qui doit sans doute étonner ceux qui l'ont fréquentée en été. D'ailleurs j'y suis à nouveau et c'est de là que je vous écris ce soir.
Je suis à la terrasse de la boulangerie qui a la double bonne idée d'avoir un accès wifi libre et une terrasse éclairée avec chaise et table alors même qu'elle est fermée à cette heure, le grand confort quoi ! A 22h il fait encore une vingtaine de degrés, il faut dire que la journée à été chaude, comme hier d'ailleurs, j'en ai profité pour travailler sur le pont, short et tee-shirt de rigueur.
J'étais donc parti sur Ios avec l'idée d'y laisser le bateau et de prendre un ferry pour Santorin. Tout l'été j'ai vu ainsi de petits ferries assurer des services de navette entre les îles proches avec des fréquences de rotation relativement élevées du genre une toute les heures. Ios est juste à côté de Santorin qui est quand même, à tout seigneur tout honneur, LA destination des Cyclades. Oui mais non, des navettes pluri-quotidiennes il n'y en a pas. Et comme le service régulier entre îles est un service quotidien, cela veut dire que je ne peux pas revenir le même jour que celui auquel je suis parti. Problème...
C'est que Santorin est là, juste à portée de voile et il n'est pas question que je fasse l'impasse de sa visite. Ne serait-ce que par respect pour ceux qui viennent de l'autre bout du monde pour la voir.
Et puis voilà qu'en parlant avec un équipage de passage, j'apprends que oui, il y a bel et bien un port au Sud de Santorin (enfin au Sud de Thira, Santorin n'est pas une île, c'est un archipel. Je me jette sur les cartes et je le vois : Vlikhada.
Ni une ni deux, l'équipage paré à appareiller, au poste de maneuvre et larguez les amarres bande de moules à gaufre (ah non, là c'est Capitaine Haddock, je confonds). Toutes voiles dehors, je file vers Santorin, Vlikhada me v'la !
Quelques heures après, j'y suis. Bon, première difficulté, il y a un ancien mole en pierre écroulé sous l'eau, mais il n'est pas signalé, ni par une bouée quelconque, ni sur les cartes (il y a bien la mention de cet ancien mole, mais c'est tout) va falloir faire gaffe. J'analyse les lieux, je scrute la surface de l'eau pour y déceler des remous éventuels qui trahiraient la présence des pierres assassines qui guettent sournoisement, tapies juste là sous la surface de l'eau, leur prochaine proie et je me dirige au plus près des hauts fonds qui bordent l'entrée du port par l'Est. Je me dis que si ils ont mis une digue, ce n'est pas là qu'elle doit se trouver. Les fonds remontent, 4m puis 3,1m 2,6m, maintenant je vais droit sur l'entrée du port, la digue submergée doit être derrière moi. J'arrive entre les deux digues parallèles, une sorte d'avant-port en long : 2m aïe, de plus je sais qu'il y a un rocher qui déborde à l'intérieur de la passe, mais je ne sais plus de quel côté...je décide de rester à peu près au milieu entre les deux digues, je continue d'avancer et le sondeur m'affiche 1,9m là je devrais déjà toucher le fond depuis 10 cm ! Mais je sais que je passe à cette hauteur, je l'ai déjà fait. Seulement manque de chance ça continue de remonter : 1,8m puis 1,7m mais je n'ose pas aller plus près de la digue intérieure à cause du foutu rocher !! Mais 1,7m, là je suis sûr que je vais toucher, j'avance tout doucement, la main sur la manette des gaz, prêt à faire marche AR au moindre ralentissement ou au moindre choc. J'hésite, c'est vraiment trop bête d'être arrivé jusqu'ici pour devoir faire demi-tour maintenant alors que l'entrée du port est à 20m devant moi ! Et puis il y 2 voiliers dans le port (ce qui ne veut rien dire, ils ont peut être moins de tirant d'eau que moi) et 4 ou 5 catamarans, mais eux n'ont pratiquement pas de tirant d'eau. Je me dis que c'est peut-être du sable dû aux courants entre la plage qui borde l'entrée du port et la digue extérieure, en allant doucement, je peux peut-être rentrer comme ça en déplaçant un peu de sable avec la quille...Le temps d'écrire tout ça, m'y voilà, je suis à l'entrée du port (enfin j'écris pas pendant la manœuvre hein ? C'est en différé là...) Je souffle : ça redescend un peu : 2m 2,1m ça y est, hourra je suis dans le port ! Bon, c'est pas tout mais il n'y a pas 50 places. J'en repère une, je m'approche en marche avant pour vérifier les fonds et pour voir si il y a des pendilles ou si il faut mouiller l'ancre. Il y a un gars sur un catamaran, je lui demande. Et il me dit que c'est pas possible, un autre cata doit rentrer je dois aller sur le quai extérieur. Super ! Il y a effectivement une place sur le quai extérieur, entre un cata et un voilier, mais a vue de nez, Alizée doit y rentrer juste, tout juste même. Tant pis j'y vais, on ne pourra pas dire que je n'ai pas tout essayé ! Et me revoilà à l'entrée du port : 1,9m 1,8m 1,7m... 1,6m même !! Là, je me dis que ce n'est pas possible, je vais me planter c'est sûr. Et bien non, ça passe, je n'en reviens pas, il faudra peut-être que je vérifie l'étalonnage du sondeur un de ces quatre ! Je prépare les amarres sur bâbord et je m'approche, il faut que je passe au ras du voilier pour arriver à m'enquiller entre lui et le catamaran, c'est serré. Ça ne se présente pas trop mal, heureusement il n'y a pas de vent, le port est très bien protégé des vents de Nord. Un gars arrive sur le quai pour m'aider à prendre mes amarres et là, à 2m du quai, soudain je sens Alizée qui s'arrête, doucement...je m'échoue, dans du sable sûrement. Vite je passe la marche AR, je jette un œil au sondeur : 1,2m !! Tu m'étonnes ! Finalement, le gars est le préposé au port (mais il ne m'avait pas prévenu), il me demande combien de temps je vais rester, et il me trouve une place, je re-rentre dans le port, royal ! Ça y est, je suis à quai, le Dax est débarqué qui sautille sur ses jantes tellement il est content d'aller visiter Santorin, et c'est parti.
On commence par Oia, qui n'est pas la ville principale :
(Oia là-bas derrière l'amphore)
(-"c'est super chéri, passe-moi la crème solaire stp...")
(Vu la couleur des roches, on sent que ça a dû chauffer par ici...)
(on va pas la lui voler sa grille ! hahahaha)
(après le capitaine Haddock, voici Panoramix. On fait dans la BD aujourd'hui)
(comment il doit être bon le 'tit apéro iciiiiiii....)
(un autre panoramix ? Bon, allez d'accord...)
ça vous a plu ? Vous en re-demandez ? OK allons voir Thira, la ville principale qui donne son nom à l'île (ou l'inverse, va savoir)
Petit apparté entre deux photos, cette île que l'on voit en face et sur de nombreuses photos est Nea Kameni, elle est au milieu de la caldera. Cette île est le cratère actif (de nos jours) du volcan.Elle est apparue 1400 ans après l'effondrement du cratère qui eut lieu en 1600 av. JC et qui n'est pas habitée. Ah si, par des rats. Beurkk !
Mon sentiment est mitigé. Le site est exceptionnel en lui-même, naturellement, et il est magnifié par son histoire à laquelle la présence de l'homme lui confère une dimension dramatique. Ces villages bâtis à dos de falaise ajoutent encore au caractère extraordinaire de l'endroit. Mais voilà, à l'époque du tourisme de masse, cet endroit, à la base authentique s'il en est, s'est mué en une place hôtelière de première classe où les hôtels rivalisent avec les studios à louer et où les ruelles principales sont devenues des artères commerçantes comme on peut en rencontrer dans n'importe quelle métropole moderne. Il est sans doute du dernier chic de pouvoir répondre à un compliment sur un bijou : "oui, il est superbe, je l'ai trouvé à Santorin l'été dernier..." mais le fait est que la multiplication des commerces a rompu l'équilibre du village et s'il est vrai qu'ils créent une animation dans n'importe lequel des endroits où ils fleurissent, il me semble que lorsqu'il y en a trop le charme se rompt.
Heureusement l'île possède d'autres curiosités, poursuivons donc sa visite, et puisqu'on parle d'histoire, vers un village, sorte de Pompéi Egéenne, témoin ayant traversé les époques de l'une des plus grandes catastrophes qu'ait connu le monde antique, l'explosion du cratère à laquelle certains attribuent le déclin de l'ère minoenne et qui a sans conteste eu des répercussions importantes sur les civilisations méditerranéennes . Ce village porte le nom d'Akrotiri et a été découvert en 1967, quasiment intact, enfoui dans des couches de cendres et de pierres ponces au SW de Thira.
Le site qui continue a être étudié a été aménagé de façon bioclimatique afin d'éviter sa dégradation, c'est pourquoi sur les photos qui suivent, vous verrez cette sorte de toit et les piliers qui, de part en part le soutiennent.
Un village ou une ville, éminemment moderne où certaines maisons étaient bâties sur 2 ou 3 étages et disposaient de salle de bains avec évacuation dans une sorte de tout à l'égout aménagé sous la rue...de nombreuses fresques peintes ont été retrouvées pour ainsi dire intactes. Et là encore, comme sur le site de l'ancienne Thera, le schéma du village ressemble énormément, hôtels en moins, au tracé et à la configuration générale d'un village actuel des Cyclades. Etonnant cette pérennité d'urbanisme.
MAJ du 02décembre : un documentaire sur l'Atlantide dans lequel il est question de Santorin et de ce village enseveli sous les cendres (a partir de la 19 ème minute jusqu'à la 30 ème)
Je vous parlais de "l'ancienne Thera", il s'agit d'un village abandonné après une éruption en 726 ap. JC alors qu'elle avait été fondée environ 1600 ans auparavant. De superficie très vaste elle est disposée sur une crète le Messa Vouno à 387m de hauteur, à la manière des "Chora" que j'ai eu l'occasion de visiter sur d'autres îles.
Tout cela nous montre une civilisation très avancée et qui faisait la part belle aux arts et à la décoration.
Après avoir gravi le Messa Vouno à pied, un chemin de mule s'offrait à moi juste à l'entrée du site afin de poursuivre l'ascension jusqu'au sommet du Profitis Ilias à 566m d'altitude, ainsi nommé parce que le prophète Elias y aurait prêché. De là-haut j'aurais sans doute un superbe point de vue sur la caldera située de l'autre côté, allons voir...
(vue côté Perissa avec le sommet Messa Vouno de l'ancienne Thera au milieu)
(côté caldera)
ça valait le coup, mais rien que la descente jusqu'en bas m'a pris presque 2h, mon genou gauche ne lui dit pas merci !
Près du village enseveli d'Akrotiri il y a une plage qui s'appelle Red Beach, allez savoir pourquoi ?
(déclaration sur l'honneur : "Par Zeus je jure ne pas avoir trafiqué les couleurs de la photo...")
(j'ai honte d'appartenir à la civilisation qui n'est même pas foutue de ramener sa bouteille vide jusqu'à la prochaine poubelle, et qui laisse ce valeureux témoignage que les générations futures découvriront peut-être à leur tour dans des fouilles de bien piètre valeur culturelle...)
Mon petit tour de l'île se terminant par le port d'où je ré-embarque afin de faire route vers....
...vous le découvrirez ici même lors d'un prochain article !
(falaises de cendres et de pierre ponce près du port)
Très friables et soumises à l'érosion du bord de mer, les falaises libèrent des blocs de pierre emprisonnés dans les couches de cendres durcies faisant apparaître ces dessins à la géométrie toute...volcanique et menaçant d'emporter un jour la terrasse de la taverna bâtie dessus)
A bientôt !
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